La coupe « garçonne » naît dans les années 1920, la Première Guerre mondiale vient de s’achever. Les hommes partis au front, les femmes ont goûté à l’activité professionnelle et à l’indépendance. Elles aspirent à plus de simplicité… et à plus de modernité aussi. Elles répandent des revendications d’émancipation. Car, dans le sillage de cette coupe de cheveux subversive, c’est une idéologie qu’affichent celles qui l’osent. Les femmes d’avant-garde se l’approprient immédiatement ; artistes, aristocrates, elles fument, dansent, jouissent de la vie, ces originales branchées qui s’attirent les foudres des « dames » et de l’église. Mais les hommes n’y sont pas insensibles. Blaise Cendrars consacrera, en 1925, les nuques rasées des femmes « huitième merveille du monde ».

Ses débuts

Au départ, la coupe garçonne se porte très court sur la nuque, qui est souvent coupée à la tondeuse et plus longue sur la tête. La raie est largement décentrée et une grande mèche, qui cache le front, est vaguée aux fers Marcel. Pour la tenue et la brillance, on applique de la brillantine ou un enduit de Bandoline.

La garçonne ne se contente pas de sa coupe masculine. Elle emprunte volontiers ses tenues au vestiaire des hommes : Veston, chapeau feutre en forme de pomme, pantalon. La femme a tout de l’homme.

Si la garçonne reste l’apanage des filles audacieuses, tout va changer avec l’ascension de Chanelcar elle va devenir la mode du moment. Née en 1883, elle crée sa marque en 1913 et devient la plus douée modiste de sa génération. Son style ? Le masculin-féminin, notamment initié par la marinière autour de 1916, interprétation du vêtement des marins, qui se poursuit avec sa célébrissime veste en tweed, elle aussi influencée par les tenues masculines, celles du duc de Westminster, son amant, dit-on.

Toutes les Parisiennes rêvent de ressembler à Coco Chanel, une beauté avec une silhouette filiforme, des tenues masculines coiffées d’une coupe courte, en rupture avec la féminité de l’époque. Le couturier Paul Poiret l’accusera même de transformer les femmes en « petites télégraphistes sous-alimentées ». En 1925, on estime qu’une femme sur trois porte alors les cheveux courts !

Mais pas question de ressembler à un homme. C’est à cette époque que le cosmétique connait un essor formidable, avec la production du tube de rouge à lèvres en 1927 pour faire ressortir la beauté des femmes. Les cheveux sont courts mais les rouges écarlates et les yeux fardés d’un halo de khôl profond.

La Coupe Courte Aujourd’hui

On le reproche d’être un « repoussoir à mecs » mais rien n’insuffle plus de style et de personnalité qu’une coupe courte aux femmes d’aujourd’hui. La coupe courte reste à la mode et c’est meilleur atout des femmes matures et des filles aux fins. La « garçonne » d’aujourd’hui puise ses inspirations dans toutes les décennies, et accepte une réinvention de son look à l’infini ; un jour rock, le lendemain années folles, le suivant pixie. Un peu de gel et le tour est joué.